Julien Clauss
Julien Clauss

http://www.cycliq.org
http://julien-clauss.bandcamp.com
http://meteomondiale.bandcamp.com
http://t3khn3.bandcamp.com
http://108mhz.wordpress.com
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Il a étudié le piano à l’Institut Suzuki de Strasbourg. Après un cursus universitaire en mécanique des fluides et thermodynamique, il étudie l’acoustique au Conservatoire National des Arts et Métiers de Paris. Depuis 2001, sa pratique croise les arts sonores, la sculpture et les nouveaux médias. Elle se développe principalement sous forme d’expérimentations liées au son, au corps et à l’espace. À différentes échelles, le corps et l’espace sont mis en relation pour produire de nouveaux agencements de territoires et de réseaux : les oeuvres sonores et tactiles postulent le corps comme architecture intime (Pause, 2005 ; Stimuline, 2009, Isotropie de l’ellipse tore, 2013) et le corps biologique est impliqué dans la mise en forme des flux des réseaux de transmission (Immunsystem, 2009 ; Insulation, 2013 ; Walk In Music , 2016).

Son travail est alimenté par une recherche formelle qui transpose des préoccupations structurelles et spatiales issues des arts visuels dans le domaine du son. Son approche sensorielle privilégie un rapport physique à l’oeuvre et à l’espace. Travaillant l’espace sonore comme une matière tangible, il y introduit des notions de verticalité, de masse, de chaleur, de transparence ou d’épaisseur. Dans cette approche volumique du son se construit une rencontre physique avec la globalité du corps de l’auditeur et la matérialité visible et invisible de son environnement. Ses propositions se situent à l’intersection de cette pratique audio et d’un travail sculptural tourné vers la fabrication d’espace. Cette rencontre produit des situations, des environnements plastiques qui s’inscrivent spécifiquement dans leurs contextes social et architectural et le manipulent. L’idée chère à Ballard de créer des réalités dans un monde saturé de fictions se construit à travers une déréalisation du lieu : l’oeuvre crée ou déplace un usage pour faire apparaître chez le spectateur une nouvelle réalité, non décrétée, mais concrètement vécue. Cette fabrication de situations confine alors parfois à l’esthétique relationnelle (Modulation, micro-radio participative émettant sur des périodes de 24 depuis des sites naturels en montagne, 2010 - ... ; Bulles, concerts environnementaux à échelle 1:1, 2009 - ... ; On entend lire jusqu’au bout, lecture participative et radiophonique d’un ouvrage en entier, durée aprox 20h, 2016 - ... ).


SALLE DE BROUILLAGE, 2018

30 émetteurs radio FM sont installés au mur. Ces circuits réalisés sur des plaques de cuivres sont reliés chacun à une antenne, à une alimentation électrique et à des lecteurs audio via un réseau de câbles qui parcourt les murs de la pièce. Chaque émetteur est accordé sur une fréquence le long de la bande FM, entre 87 MHz et 108 MHz, de sorte que les 30 émetteurs combinés émettent sur la totalité de la bande FM.
Dans la pièce, cinq radios portables sont à disposition des visiteurs qui peuvent s’en saisir et jouer avec les fréquences de réception pour explorer l’entrelacs d’ondes qui occupent l’espace. Le balayage de la bande FM et le déplacement dans la salle révèlent une composition sonore aux fragments épars. Les compositions sonores de chaque émetteur sont inspirées de l’univers de la radio : voix, discussions, bruit de transmission, synthèse analogique, microphonie…). Le dispositif concrétise une sorte de bande FM rêvée qui oscille entre musiques industrielles, ‘ambient’, noise et poésie sonore…

En réaction aux systèmes «boîtes noires», Julien Clauss aborde la machine par son anatomie, développant dans le projet Immunsystem une pratique technologique de bas niveau. Les oeuvres qui s’y agrègent sont réalisées avec les matériaux élémentaires des systèmes électroniques : fils et plaque de cuivre, film métallisé... Utilisés de façons passives, ces matériaux sont mis en forme pour réaliser des actions de filtrage ou de réflexion, créant des zones de champs aux propriétés singulières. En contrepoint des installations et performances ont émergé des projets de situations liés à une pratique de la micro radio. Descendantes de l’approche sociale de la micro-radio que Tetsuo Kogawa développe dans le Japon des années 80, ces situations utilisent le médium radiophonique à échelle réduite et créent des continuums entre production et écoute. L’important n’est plus la portée d’émission et le nombre d’auditeurs, mais ce qui se joue dans le «studio», devenu à la fois lieu de production et espace d’écoute. Sorte d’art relationnel outsider, ces projets de «radio étendue» font émerger la structure du média pour la déposer à portée d’oreille.

© Julien Claus, Salle de brouillage, 2018